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Meister benelux ou la politesse germanique

Le commando à sa sortie de l'entreprise

Cette semaine, impossible de faire l’impasse sur les événements qui se sont déroulés dimanche 26 février à Sprimont en région liégeoise.

Meister – benelux SA, entreprise spécialisée dans l’usinage de pièce métallique destinée à l’industriel automobile entre autres, n’a jamais si bien porté son nom. En effet, dimanche dernier c’était bien un groupe de nostalgiques des S.A. (Section d’Assaut ou Sturmabteilung) que la direction du groupe Meister a mandaté pour prendre d’assaut l’usine de Sprimont, terroriser le personnel, détériorer l’outil de production, voler le matériel et la production.

Équipés de gilets pare-balles, armés de matraque et de battes de baseball, une vingtaine de néonazis débarquent dans les locaux de l’entreprise. Ils chassent rapidement les ouvriers de leurs postes de travail. Leur « blitz » sur l’usine parfaitement réussit, les nostalgiques des chemises brunes fêtent leur exploit en saccageant les locaux syndicaux et les vestiaires du personnel. Ils entreprennent, ensuite, de démonter une des machines à commande CNC de l’entreprise. Mais, cette opération se révélera finalement trop complexe pour ces brutes aux os épais. Ces machines sont en effet des chefs-d’œuvre de complexité extrêmement précise et fragile. Avec leurs matraques, ils durent se rendre compte finalement qu’ils étaient bien incapables de dévisser les moindres boulons. Ils se sont alors repliés sur ce qu’ils savaient faire, saccagé encore un peu les locaux de l’entreprise.

Pendant ce temps, leurs crânes épais n’avaient pas enregistré qu’au-dehors les ouvriers et leur syndicat avait déjà refermé toutes les issues. D’agresseurs les voilà assiégés dans l’impossibilité de sortir leur butin et de sortir tout court. Avec la patience du juste, les ouvriers et leurs représentants syndicaux attendaient maintenant qu’ils se décident à sortir pour leur faire goûter à leur propre médecine.

Le courage du monde ouvrier face la sauvagerie nazillonne n’est plus à démontrer, comme sans souviennent, de Liège à Anvers, quelques survivants des troupes d’occupation du Reich. Malheureusement, il n’en va pas de même de la police belge. C’est avec le courage des lâches que la police de Sprimont est arrivée sur place. Héroïquement, la police a alors entrepris d’escorter, en toute sécurité, le gang de miliciens jusqu’à la frontière allemande.

Pour ne pas ajouter à leur humiliation, nos braves policiers ont eu la délicatesse de ne pas prendre leurs identités et pour ne pas les laisser dans le dénuement une fois rentré chez eux, ils leur ont même laissé leurs armes.

Alors que l’attitude criminelle de l’entreprise ne fait aucun doute, à droite sur le banc patronal, on essaye maintenant de justifié et de minimiser la responsabilité de Meister groupe.

Les délits commis durant cette journée ne sont pourtant pas anodins.

  • Meister groupe a contrevenu à la loi fédérale sur les milices. La Belgique interdit explicitement toute constitution de milice sur son territoire.
  • Il y a ensuite infraction à la loi sur le gardiennage privé (loi Tobback). En effet, toute société de gardiennage en Belgique est soumise à une autorisation et à un contrôle par le ministère de l’Intérieur. De plus, chaque agent doit avoir en sa possession une attestation délivrée par ce même ministère pour exercer en Belgique.
  • Puis, il y a la question du port d’armes. Les matraques et les battes de base-ball sont des armes blanches prohibées selon la loi du 09 juin 2006.
  • Il y a bien évidemment aussi l’agression en bande organisée.
  • Il y a aussi plusieurs contraventions au droit social. Il y a eu « lock-out », c’est-à-dire expulsion des travailleurs de leur usine et remplacement, de ceux-ci, par des travailleurs étrangers non déclarés.
  • On pourrait ajouter qu’il y a eu volonté de nuire aux intérêts économiques du pays en endommageant du matériel de pointe lors d’une tentative de vol. Depuis peu, cela relève de la loi sur le terrorisme (pour une fois où celle-ci pourrait servir à quelque chose).
  • Enfin, il y a « casus beli » puisque cette milice est reconnue, semble-t-il, en Allemagne sous le nom « Rescue & Security Guard ». On pourrait alors considérer qu’il s’agit d’une opération couverte par l’autorité de Berlin ce qui constituerait un acte de guerre. (sans rire en terme de droit international)

D’ailleurs, on pourrait même parler de complot international, puisque selon le journal « le Vif », le groupe allemand Meister aurait délégué à un Français, Patrick T. Le recrutement de cette milice. Ce dernier se serait adressé aux Allemands de « Rescue & Security Guard » pour lui fournir ces mercenaires branquignoles.

Pourtant, malgré ces charges accablantes, à l’Union Wallone des Entreprises on voudrait nous faire croire qu’il faut mettre cette agression au même niveau que les actions syndicales. Pour ces champions du patronat réactionnaire il faudrait condamner les actions syndicales visant à imposer des dialogues sociaux lorsque les directions d’entreprises se révèlent sourdes aux inquiétudes et au désarroi des travailleurs. L’UWE prétend mettre sur le même pied, l’assaut donné par cette milice patronale, armée et protégée par la police, avec les actions destinées à imposé un dialogue social, ce qu’il appelle des séquestrations patronales. Il est évident que les portes-parole de l’UWE, veulent semer la confusion.

Il n’y a pourtant rien de commun entre des travailleurs désarmés exigeant que des représentants de leur direction restent assis pour discuter et un patron qui paye des néo-nazis armés pour tabasser les ouvriers.

Contrairement à l’UWE, chez Meister on est beaucoup moins à l’aise par rapport à cette affaire. Pour Henri Beckers, l’avocat de Meister benelux, le groupe allemand aurait paniqué face au blocage de la production depuis lundi de la semaine dernière.

 » (…) Depuis lundi, les expéditions des pièces produites étaient bloquées. Or, ces éléments sont livrés in fine, pour l’essentiel, à BMW et à Volkswagen en Allemagne. Le groupe a des accords avec ces constructeurs : en cas de non-livraisons, il aurait dû leur payer une indemnité de 300 000 euros/heure, soit un peu plus de 7 millions d’euros par jour !  » : Meister : les Allemands ont paniqué – http://www.lalibre.be/economie/actualite/article/723084/meister-les-allemands-ont-panique.html

Mais cette affaire laisse encore un goût plus amer. Dès le lendemain des faits, la ministre Milquet exprimait sa confiance envers les décisions prises par les policiers de Sprimont. Alors même que nous savions déjà qu’ils avaient remis le commando de milicien en liberté, sans relever leur identité, ni même confisquer leurs armes. De plus, il semble que les polices de Sprimont et Liège auraient refusé, durant toute la journée de dimanche, d’enregistrer les plaintes des ouvriers molestés dans l’aventure. Dès lors, bien que les ministres Milquet et Turtelboom ont finalement dénoncé les faits commis et promis des poursuites judiciaires à l’encontre des responsables, on doit s’inquiéter de la réaction tardive du politique et plus particulièrement de la ministre de l’Intérieur, Joëlle Milquet.

 

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Situation chez Meister Benelux ((vu par le patronat) – http://www.uwe.be/uwe/presse/communiques/situation-chez-meister-benelux

Meister Benelux : Milquet et Turtelboom reconnaissent les infractions – http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20120301_00125260

Meister Benelux: la direction présente des excuses – http://www.rtbf.be/info/regions/detail_meister-benelux-la-direction-presente-des-excuses?id=7661373

Communiqué de presse : Meister Benelux, ou quand l’inacceptable se produit ! – http://www.metallos.be/pages/boite-a-outils/actualites/27/02/2012/meister-benelux-ou-quand-l-inacceptable-se-produit

Belgique/Meister Benelux : tollé après l’intervention d’une « milice » dans un conflit social – http://www.lequotidien.lu/international/32338.html

Meister : les Allemands ont paniqué – http://www.lalibre.be/economie/actualite/article/723084/meister-les-allemands-ont-panique.html

Sprimont : les agissements punissables de Rescue & Security Guard – http://www.levif.be/info/actualite/belgique/sprimont-les-agissements-punissables-de-rescue-security-guard/article-4000053671049.htm

 

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